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LUTHIERS MESSINS
1 mars 2016

Fin tragique

Fin tragique du luthier messin

Le 19 juin 1936, en fin de soirée, M. Auguste Mouchot se noie accidentellement dans la Moselle.

Les circonstances de cette tragique noyade ont été rapportées dans les articles publiés dans la presse de Metz : 

« Un bien pénible accident qui coûta la vie à l’un de nos concitoyens s’est produit hier vers 20 heures, près du quai des régates, à hauteur de l’embarcadère des bateaux de plaisance.

Deux jeunes gens, M. Joachin et M. Mouchot, ce dernier luthier à Metz, évoluaient dans un canoë quand la légère embarcation, pour des causes inconnues, se retourna, M. Joachin parvint à regagner la berge à la nage. Malheureusement, son compagnon dont on suppose qu’il a été frappé de congestion ou de blessures coula à pic. De nombreux promeneurs, témoins de l’accident donnèrent l’alarme. Des recherches furent entreprises par un bateau de plaisance et l’embarcation du passeur de l’Ile du Saulcy. A la tombée de la nuit le corps n’était pas encore retrouvé et il fallut abandonner les recherches. »

Le 23 juin en matinée, le corps retrouvé flottant entre deux eaux dans la Moselle par un pêcheur, a été transporté à la morgue de l’Hôpital Sainte Blandine. Il s’agit bien du luthier Mouchot.

Les obsèques ont lieu, le mercredi 24 à 10 heures à l’église Notre-Dame, en présence de ses parents et de toute sa famille. Aux nombreux amis, se sont joints M. Paul Vautrin maire de Metz, les professeurs du conservatoire national de musique, plusieurs dirigeants d’associations, ses camarades et tous les commerçants du quartier. L’inhumation a eu lieu dans le caveau de famille, au cimetière de Morhange.

Monsieur Auguste Mouchot était âgé de 27 ans, marié et père d’un enfant. Il était très sympathiquement connu à Metz.

 

Dans la rubrique La vie musicale et artistique à Metz parue dans Le Lorrain du 22 juin 1936, son auteur fait l’éloge du luthier.

A  un  Ami

La nouvelle de la mort de Mouchot nous est parvenue vendredi soir comme un souffle glacé au milieu d’une réunion d’amateurs de musique où il ne comptait que des amis. Cette disparition stupide a été douloureusement ressentie.

Pour sa corporation aussi c’est une perte considérable car Mouchot était un artisan d’élite, et ce mot d’artisan doit sonner ici avec tout ce qu’il sous-entend d’habileté, de probité professionnelle, de raffinement, d’abnégation artistique et de conscience. en une époque où la machine et le simple manœuvre se partagent, sans âme et sans joie, un travail toujours plus impersonnel, toujours plus tendu vers la qualité courante et le bas prix. Mouchot, par instinct fidèle à d’illustres traditions du métier, ne pensait qu’à la perfection.

Il y était du reste servi par de rares dons. D’abord destiné au commerce par sa famille, il avait appris la lutherie par vocation spontanée et en brûlant les étapes de la maîtrise.

Tous ceux qui ont eu le plaisir de visiter son atelier connaissaient son amusante dextérité qui n’était réellement plus du métier mais de la virtuosité.

A cette habileté manuelle, il joignait une oreille d’une extrême subtilité. Il avait dans son magasin un vitrine pleine de ses instruments, les uns terminés, les autres encore en cours de mise au point. Parmi tous ces violons qu’il auscultait ainsi à distance se trouvaient quelques « mauvais sujets » qu’un imperceptible défaut local écartait de cette chère perfection tant recherchée. ça le tracassait. Il n’avait de répit qu’après avoir découvert la verrue mystérieuse et l’avoir rectifiée. Alors le mauvais sujet prenait définitivement place dans la vitrine pour être vendu. Mouchot commerçant avisé, par nécessité avait horreur de se séparer de ses chers violons.

On sait qu’il avait créé pour un groupe d’amis un quatuor d’archets (violon, alto et violoncelle) d’une très belle et chaude homogénéité de son. Je ne sais ce que ces quatre instruments sont devenus. Il serait très regrettable qu’ils fussent dispersés.

Une ville comme Metz ne peut pas rester sans luthier. Mme veuve Mouchot et les parents du défunt prennent conscience de l’avenir du magasin, mais c’est une autre histoire.

 

Scan 17

 

Auguste Mouchot devant son magasin violon à la main

(Archive famille Mouchot)

 

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